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Bouddhisme au féminin - Partageons nos aspirations, nos questionnements, nos compréhensions

 

 


Vos Contributions et Témoignages

 

Les dessins animés que regardent nos enfants

 

Je voudrais inviter les mamans, surtout celles qui ont des fillettes, à passer un peu de temps avec elles à regarder les dessins animés qui leur sont proposés sur les chaines de télévision.

D'abord Walt Disney, même si des progrès ont été fait en matière de représentation, les clichés des studios américains bien conservateurs ont la peau dure, clichés réducteurs, caricatures que les adultes peuvent peut-être percevoir comme telles mais que les enfants avalent sans pouvoir discriminer. Et Walt Disney continue a être largement visionné par les enfants actuels.


Quand il y a si rarement une histoire où le personnage central est une fille, tout va tourner autour de l'attente du prince charmant. La fille n'est pas intelligente, curieuse, inventive, courageuse, attentive aux autres, pleine de ressources, non elle est "belle", ça suffit à la définir, à faire d'elle un objet valorisé, et c'est ce message que les petites filles - et les petits garçons - reçoivent, intériorisent.
Etre belle ou ne pas exister...

Voir l'illustration des contes de Grimm Blanche neige et Cendrillon, où les héroïnes sont victimes d'autres femmes, et sont sauvées par le prince charmant.

Et parmi les dessins animés actuels ? Le nombre de dessins animés où le personnage central est un garçon doit être de l'ordre de 90 % pour ne pas dire 99%. Le rôle des filles quand il y en a se résume souvent à suivre, à accompagner.


Quand il ne s'agit pas de personnages humains, mais de marionnettes, les personnages sont très majoritairement masculins . Enfin, quand il s'agit d'animaux antropomorphisés, les personnages et les voix représentent quasiment toujours des mâles, un petit dinosaure, un canard... jamais une femelle dinosaure, une oursonne, une canette, etc... la seule représentation des femelles est la mère, autrement dit, dans son rôle exclusif de reproductrice. (à noter la connotation glorieuse du mot mâle, la connotation péjorative du mot femelle.)

Voir ici une liste des films de Disney les histoires sont celle d'un jeune champion de course, d'un rat, d'un ours, d'un bambi, d'un poulet, d'un mouton, d'un cricket, etc. etc. etc.

Exemple des programmes d'ARTE pour les dessins animés du matin :
Salut Spencer, un groupe de marionnettes représentant tous des garçons, juste une fille en arrière plan
Toumaï : un jeune garçon d'une dizaine d'année cornac sur un éléphant.

Exemple des programmes de France 5 pour les dessins animés du matin :
Harry et les dinosaures met en scène un garçon de cinq ans
Sid, met en scène un garçon de sept ans
puis Thomas le petit train
Sam sam toujours un garçon
Jasper le pingouin, mâle évidemment
le dino train toujours il, jamais elle
Martin matin un garçon de 9 ans

impressionnant non ?

Sur TF1 Il y a eu Dora, dessin animé intelligent pour les très jeunes où le personnage principal est une petite fille, où il n'y a pas de méchants mais des obstacles à vaincre par la solidarité et l'entraide. Il y a eu l'inspecteur gadjet un personnnage adulte assez idiot et où c'est une fillette qui prend les bonnes décisions. Maintenant, Dora est remplacée par Diego... Si j'ai raté quelque chose, si vous connaissez des dessins animés où c'est une fillette qui est le personnage principal et qui fait montre d'intelligence, de créativité, merci de m'en faire part, j'en ai bien besoin pour soutenir l'image positive que je voudrais que ma petite fille puisse avoir d'elle-même. Monique

mise à jour : sur la cinq (suite à quelques courriers peut-être ?), Fifi brin d'acier, le personnage principal est une fille. Sur Arte "graine d'explorateur" est animé de façon strictement égale par une jeune femme et un jeune homme, et l'histoire des sciences par Lucie la luciole : une voix féminine enfin dans cet univers scientifique !

 

Les mensonges de l'histoire. Citoyens masculins pluriel -

Article paru dans Le Monde daté du 21 mars 1997

Dans le débat sur les quotas féminins sont invoqués, pour les cautionner ou pour les contester, les textes fondateurs de la citoyenneté française depuis 1789. L’universalité est revendiquée comme marque spécifique de l’identité française. De l’une à l’autre des quinze Constitutions de la France, des formules clés ont en effet été transmises.

Celle de l’unité et de l’indivisibilité vient en premier. Appliquée en 1791 au royaume, à la souveraineté, à la royauté, la notion est transférée à la République en 1792. L’indivisibilité, reprise du vocabulaire de la Révolution, reste mentionnée dans les Constitutions de la IVe et de la Ve Républiques. (« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale »). La rhétorique de l’unité et de l’indivisibilité, transmise jusqu’à nous, est donc un produit de la culture politique des révolutionnaires, formés dans le moule idéologique de la monarchie absolue.

Un deuxième postulat, explicite pour les monarques, implicite pour les citoyens, accompagne celui de l’indivisibilité : le souverain est masculin. La Constitution de 1791 précisait que la royauté (« indivisible ») est « déléguée héréditairement à la race régnante de mâle en mâle, par ordre de progéniture, à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance ». La formule fut reprise à l’identique dans le sénatus-consulte organique de l’an XII. Un demi-siècle après, le sénatus-consulte du 7 novembre 1852 confirmait : « La dignité impériale est héréditaire dans la descendance directe et légitime de Louis-Napoléon Bonaparte, de mâle en mâle, par ordre de progéniture, et à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance. »

L’exclusivité masculine de la citoyenneté n’est, elle, jamais affirmée comme telle, mais elle est sous-jacente aux textes. Dans la langue française le pluriel masculin peut inclure le féminin et le mot « homme » désigne soit le mâle soit l’humanité mixte. Mais en 1791, derrière les citoyens au pluriel il n’y a, en fait, que du masculin. On lit à propos de « l’état de citoyen » : « Ceux qui, nés hors du Royaume de parents étrangers, résident en France, deviennent citoyens français après cinq ans de domicile continu dans le Royaume, s’ils y ont, en outre, acquis des immeubles ou épousé une Française (je souligne) ou formé un établissement d’agriculture ou de commerce... » Les femmes sont appelées «citoyennes », certaines n’échapperont pas à la guillotine, mais constitutionnellement elles ne s’inscrivent que dans une énumération d’objets.

Il faudra attendre que les femmes aient enfin accédé à l’électorat en 1944 pour que l’existence des sexes soit reconnue dans la Constitution (1946). Dans les débats actuels, le machisme de la conception révolutionnaire de la citoyenneté apparaît comme une idée reçue. Mais cette réalité a été longtemps complètement masquée. Ce n’est que très récemment qu’on a précisé que le suffrage dit universel était en fait un universel « masculin ». Il suffit d’ouvrir un manuel d’histoire antérieur à ces dernières années pour le constater.

De même, les explications sur la distinction, en 1791, entre citoyens actifs et passifs ne prenaient pas en compte l’exclusion des femmes de l’activité politique : les anciens manuels ne mentionnaient que les 3 millions de pauvres et de domestiques (sous-entendus : mâles).

Tout cela montre les pesanteurs et le long conditionnement de l’esprit « républicain » imprégné des «textes fondateurs». En 1848, seuls votent les hommes, mais il est pourtant écrit que « La souveraineté réside dans l’universalité des citoyens » (article premier de la Constitution).

Peut-on révérer ces textes comme s’ils étaient porteurs des prises de conscience ultérieures et lointaines ? La rhétorique originelle d’une République une et indivisible fondée sur l’universalité d’une citoyenneté « masculine » n’a-t-elle pas, au contraire, été l’un des freins historiques, l’un des facteurs du retard français pour la participation des femmes au pouvoir ?

Serait-ce sacrilège de mettre en question ce socle et de cesser de considérer comme « fondateurs » des principes dont l’obsolescence historique est flagrante, tant dans la notion d’indivisibilité que dans la confusion entre l’universel et le masculin ? SUZANNE CITRON

 

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